Dmitri Chostakovitch
Intégrale des quatuors à cordes en 6 concerts
Enregistrement public pour le label harmonia mundi
Dimanche 6 octobre à 20h24
Concert #5
Quatuors n°6, 8 et 9
Lundi 7 octobre à 20h24
Concert #6
Quatuors n°7 et 10
Cuarteto Casals
Vera Martínez Mehner • violon
Abel Tomàs Realp • violon
Jonathan Brown • alto
Arnau Tomàs Realp • violoncelle
Le Cuarteto Casals
Depuis qu’il a remporté les premiers prix des concours de Londres et Hambourg, le Cuarteto Casals, fondé en 1997 à l’Escuela Reina Sofía de Madrid, a été régulièrement invité dans les salles de concert les plus prestigieuses du monde, notamment le Carnegie Hall, la Philharmonie de Berlin, la Cité de la Musique Paris, le Konzerthaus et le Musikverein de Vienne, le Concertgebouw d’Amsterdam et le Suntory Hall, entre autres. Cuarteto Casals a fêté ses 25 ans avec un enregistrement et une série de concerts mettant en vedette l’intégrale de « L’Art de la Fugue » de Bach et les points forts des dernières saisons incluant un cycle complet des quatuors tardifs de Mozart à la Pierre Boulez Saal à Berlin, « Absolute Jest » de John Adams avec l’Orchestre Symphonique de Barcelone et des tournées à travers l’Europe et l’Amérique du Nord.
Fort d’une très riche discographie avec le label harmonia mundi, le Cuarteto Casals a un répertoire allant des compositeurs espagnols moins connus comme Arriaga et Toldrá, aux classiques viennois (Mozart, Haydn, Schubert et Brahms), en passant par les grands du XXe siècle (Debussy, Ravel et Zemlinsky), ainsi qu’un concert-Enregistrement Blue Ray de l’intégrale des quatuors de Schubert, pour Neu Records.
En 2020, harmonia mundi a publié avec un grand succès critique le dernier volet de l’intégrale des quatuors de Beethoven, intitulée respectivement « Inventions », « Révélations » et « Apothéose ». L’année suivante, le quatuor sort la deuxième partie de son enregistrement des six quatuors de Mozart dédiés à Haydn, une performance que le magazine Strad décrit comme « une distillation poignante de l’essence même de la musique ».
Un prix du prestigieux Burletti-Buitoni Trust de Londres a permis au quatuor de commencer une collection d’archets d’époque baroque et classique qu’il utilise pour des œuvres de Purcell à Schubert, affinant ainsi sa capacité à distinguer divers styles. En outre, le quatuor a été profondément influencé par son travail avec des compositeurs vivants, en particulier György Kurtág, et a donné la première mondiale de quatuors écrits par de grands compositeurs espagnols, dont un concerto pour quatuor à cordes et orchestre de Francisco Coll, créé avec l’Orquesta Nacional de España et commandes de Mauricio Sotelo, Benet Casablancas, Dahoud Salim, Lucio Amanti, Aureliano Cattaneo et Matan Porat.
En reconnaissance de sa contribution unique à la vie culturelle en Catalogne et dans toute l’Espagne, Cuarteto Casals a été reconnu comme ambassadeur culturel par la Generalitat de Catalogne et l’Institut Ramon Llull. Les prix passés incluent le Premio Nacional de Música, le Premi Nacional de Cultura de Catalunya et le Premi Ciutat Barcelona ; De plus, le quatuor a le privilège de se produire régulièrement sur l’extraordinaire collection d’instruments Stradivarius décorés du Palais Royal de Madrid.
Cuarteto Casals apparaît souvent à la télévision et à la radio en Europe et en Amérique du Nord et, en plus de donner des masterclasses très recherchées, il est quatuor en résidence au Koninklijk Conservaotrium Den Haag, à la Scuola di Musica di Fiesole et à l’Escola Superior de Musica de Catalunya à Barcelone, où résident les quatre membres.
Quatuor à cordes n°6 en sol majeur (opus 101)
La composition du 6e quatuor, du 7 au 31 août 1956, correspond pour Chostakovitch à une période heureuse de sa vie, avec sa reconnaissance internationale et nationale à la suite de la mort de Staline et à la période de dégel de Khrouchtchev depuis 1953. Mais aussi sur le plan personnel, avec son remariage en juillet 1956 avec Magarita Kainowa après le décès en 1954 de sa première épouse et mère de ses enfants, Nina Vassilievna.
Ce 6e quatuor fut créé le 7 octobre 1956 par le Quatuor Beethoven à Leningrad.
• Allegretto
• Moderato con motto
• Lento
• Lento – Allegretto
Quatuor à cordes n°8 en ut mineur (opus 110) 1960. Il s’agit de l’une des œuvres les plus connues et jouées du compositeur russe, qui a d’ailleurs réutilisé certains de ses thèmes dans d’autres compositions.
Depuis 1959, Chostakovitch souffre de poliomyélite et se rend près de Dresde, officiellement pour écrire la musique du film Cinq jours et cinq nuits, plus officieusement pour des traitements. Impressionné par le spectacle de la ville dévastée, il écrit le quatuor en trois jours, du 12 au 14 juillet 19601. L’œuvre est dédiée « aux victimes de la guerre et du fascisme »2. Dans ses mémoires cependant, il déclare propos de la partition :
« On la qualifia d’office de dénonciation du fascisme. Pour dire cela il faut être à la fois sourd et aveugle […] j’y cite Lady Macbeth, la Première symphonie, la cinquième, qu’est-ce que le fascisme a à voir avec cela ? […] dans ce même quatuor je reprends un thème juif du 2e trio3… » Chostakovitch rajoute à propos de ce quatuor : « Je me suis dit qu’après ma mort personne sans doute ne composerait d’œuvre à ma mémoire. J’ai donc résolu d’en composer une moi-même…4 »
« Le thème principal de ce quatuor sont les notes D. Es. C. H., c’est-à-dire mes initiales, et j’ai cité certaines de mes œuvres. Une petite anthologie ! »
Enfin, ce quatuor est écrit juste après l’adhésion (très tardive et sous la pression) du compositeur au Parti communiste. Lev Lebedinsky déclare d’ailleurs : « Le quatuor fut écrit immédiatement après qu’il rejoignit le Parti communiste – et ceci, pour Chostakovitch, équivalait à la mort même5. » Le 8e quatuor est créé le 2 octobre 1960 par le Quatuor Beethoven.
Ce quatuor a également été orchestré par Roudolf Barchaï, en 1967 et renommé avec l’accord de Chostakovitch Symphonie de chambre.
• Largo
• Allegro molto
• Allegretto
• Largo
• Largo
Quatuor à cordes n°9 en mi bémol majeur (opus 117)
Alors que Dmitri Chostakovitch s’enfonce dans la maladie, il écrit ou achève simultanément en 1964 ses neuvième et dixième quatuors. Le Neuvième Quatuor est dédié à sa troisième femme Irina Antonovna qu’il a épousée en 1962. Il a été créé par le Quatuor Beethoven le 20 novembre 1964 à Moscou.
• Moderato con moto
• Adagio
• Allegretto
• Adagio
• Allegro
Quatuor à cordes n°7 en fa dièse mineur (opus 108) 1960.
La composition du 7e quatuor, entre février et mars 1960, fait suite dans la vie personnelle de Chostakovitch à son divorce d’avec sa seconde femme Margarita Kainowa. Il ne s’agit donc pas d’un hasard s’il est dédié à la mémoire de Nina Vassilievna-Chostakovitch, sa première femme décédé en 1954, pour son théorique cinquantième anniversaire1. De même, le compositeur apprend à la même période sa maladie incurable d’inflammation chronique de la moelle épinière.
Ce 7e quatuor fut créé le 15 mai 1960 par le Quatuor Beethoven à Leningrad.
• Allegretto
• Lento
• Allegro
Quatuor à cordes n°10 en la bémol majeur (opus 118) 1964.
Chostakovitch écrit simultanément en 1964, deux quatuors : les 9e et 10e. Dans le contexte «anti-sioniste» du pouvoir soviétique, le 10e Quatuor qui est dédié au jeune compositeur juif polonais Moïsseï Samuilovitch Wainberg, son partenaire de piano à quatre mains (notamment lors de l’évaluation obligatoire des symphonies du compositeur par un comité culturel chargé d’en faire l’expertise), apparaît comme une résistance au régime1. Il fut créé par le Quatuor Beethoven le 20 novembre 1964 à Moscou.
Ce 10e Quatuor est composé en quatre mouvements de structure classique :
• Andante
• Allegro furioso
• Adagio – attacca
• Allegretto – Andante
Son caractère enjoué et d’une exceptionnelle sérénité dans l’œuvre de Chostakovich, comme sa richesse mélodique l’apparentent au lyrique et limpide Quatuor no 6 op. 101 de 1956. Seul le second mouvement, Allegro furioso d’une grande densité instrumentale, plein d’âpreté et d’énergie furieuse, voire de violence démonstrative, tranche avec le reste de l’œuvre, qui respire plutôt une impression de repos. Le motif du premier mouvement sert d’introduction au second, mais aussi de coda au dernier, ce qui donne un aspect faussement cyclique que l’on retrouve souvent dans l’ensemble des quatuors. Le troisième mouvement est un adagio en forme de passacaille qui conduit sans pause au dernier.