Septembre 2021
Vendredi 24 à 20h21 Samedi 25 à 20h21
Marc Mauillon • baryton
Myriam Rignol • viole de gambe
Angélique Mauillon • harpe
Henriette de Coligny, Comtesse de La Suze, ne fut pas seulement une femme de lettres admirée en son temps, y compris par le très exigeant Boileau. C’est en femme libre qu’elle fait un mariage d’amour ; après la mort de son époux, on lui en impose un second, mais c’est en femme libre encore qu’elle demandera à être “démariée” ! Entouré de musiciens experts, Marc Mauillon nous fait découvrir un univers poétique précieux qui mêle à la tendresse les hardiesses les plus inattendues, au point d’inspirer nombre de compositeurs du Grand Siècle… et au-delà !
Je m'abandonne à vous
Airs sur des poésies de la Comtesse de la Suze
Marais : Prélude
Le Camus : Je m’abandonne à vous
Le Camus : Ah fuyons
Campion : Qu’il est propre à se faire aimer
Bacilly : J’ai voulu suivre une autre loi
Le Camus : Un berger plus beau
Le Camus : Ah qui peut tranquillement
Anonyme : Vous ne m’attirez point
Campion : J’ai juré mille fois
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Le Camus : Je sens au coeur un nouveau trouble
Bacilly : Qu’il est propre à se faire aimer
Le Camus : Il n’est rien dans la vie
Lambert : J’ai juré mille fois
Demachy : Prélude
Bacilly : Dans ce bocage
D’Ambruys / Cambert : Sous ces ombrages verts
Le Camus : Forêts solitaires et sombres
Dufaut : Sarabande
Lambert : Laisse moi soupirer
D’Ambruys : Le doux silence
C’est sous l’angle de la poésie que vous avons conçu ce programme d’airs de cours en proposant les poèmes mis en musique d’Henriette de Coligny, Comtesse de la Suze (1623-1673).
Ecrire et publier des poèmes lorsqu’on est une femme n’est pas si fréquent au XVIIème siècle.
Mais la vie mouvementée de cette femme brillante et exceptionnelle montre sa force de caractère, son indépendance et sa grande liberté d’esprit : elle réussit à obtenir l’annulation de son mariage avec le Comte de la Suze qu’elle avait été forcée d’épouser ; pour cela cette descendante d’une célèbre lignée protestante se convertit au catholicisme et devient une figure centrale des salons parisiens qui raffolent de poésie et de galanterie. Elle a d’ailleurs pour amies Ninon de Lenclos, Christine de Suède et Madame de Scudéry. Sa poésie a été abondamment diffusée et a inspiré de nombreux compositeurs, en particulier Sébastien Le Camus, Michel Lambert et Bertrand de Bacilly.
Ce dernier loue son talent dans son traité de chant Remarques curieuses sur l’art de bien chanter : « ce qui est de plus admirable, c’est d’auoir trouué le secret d’accommoder des Paroles aux Airs auec tant de justesse, & d’auoir sceu si bien marier l’vn auec l’autre, qu’il semble que dans ce mariage on n’auroit pas sceu faire autrement, tant cela paroist naturel. Voila ce qui s’appelle donner aux Airs des habits, mais des habits magnifiques, des habits riches, des habits precieux, & non pas de miserables Caneuas. »
Dans ses poèmes, bergers et bergères expriment leurs sentiments, leur amour tantôt heureux, tantôt malheureux, avec une liberté de parole et parfois même une audace très surprenantes de la part d’une dame de si haute naissance en ce milieu du XVIIème siècle français. C’est ce qui rend son oeuvre tellement hors du commun et si touchante.