Jeudi 4 novembre 2021

Judith et Sémélé, figures en miroir

Maïlys de Villoutreys • soprano

Ensemble Amarillis

Héloïse Gaillard • direction artistique

Héloïse Gaillard • flûtes et hautbois
Alice Piérot • violon baroque
Eleanor Lewis-Cloué • viole de gambe
Marc Wolff • théorbe
Marie van Rhijn • clavecin

Sonate en trio n°4 en sol mineur (1695)
Grave – Presto – (Adagio) – Presto – Adagio – Presto – Aria affettuoso – allegro
Hautbois, violon, viole de gambe et basse continue

Cantate Judith (1708) (6ème cantate extraite du premier recueil de cantates françaises composées sur des sujets bibliques)
Soprano, symphonie et basse continue

Deuxième suite extraite du recueil de 1707 « pièces de clavecin pouvant se jouer sur le violon »
Allemande – Courante – Sarabande – Gigue – Menuet – Rondeau

Cantate Sémélé (1715) (Première cantate extraite du recueil de cantates françaises)
Soprano, symphonie et basse continue

Elisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729)

Elisabeth Jacquet de la Guerre est l’une des rares femmes françaises de l’époque baroque connue à ce jour comme compositrice. Très célèbre de son vivant, admirée par Louis XIV, elle est décrite par un de ses contemporain, Titon du Tillet, de manière élogieuse : « Mademoiselle Jacquet, dès sa plus tendre jeunesse, fit connaître des talents et des dispositions pour la musique et pour l’art de toucher le clavecin. (…) On peut dire que jamais personne de son sexe n’a eu d’aussi grands talents qu’elle pour la composition de la musique. » Les nombreuses recherches historiques et musicologiques menées notamment par Catherine Cessac ont permis la renaissance des œuvres de cette femme exceptionnelle.
Les cantates choisies font honneur à deux figures féminines associées comme en miroir l’une de l’autre, incarnant le courage et la vertu dans le cas de Judith et la témérité mais aussi l’orgueil dans celui de Sémélé. Judith décide de sauver le peuple d’Israël et la ville assiégée par le cruel Holopherne, lequel est tombé follement amoureux de l’héroïne. Elle décide de l’enivrer afin de lui couper la tête. Elle réussit cet exploit et triomphe, acclamée par son peuple. Sémélé, figure mythologique, séduit Jupiter, dieu de l’Olympe, qui en est tombé follement amoureux. Il lui apparaît sous l’aspect d’un simple mortel. Elle ne peut se contenter de le voir sous ces traits, alors qu’il est le dieu le plus puissant ! Elle le supplie alors d’apparaître « dans sa gloire immortelle », « elle gémit, s’impatiente, se plaint ainsi d’une trop longue attente »… soudain une tempête se déchaîne et Jupiter lui montre ainsi qu’il est « le maître du monde. » Sémélé se réjouit d’avoir su plaire « au plus grand dieu de l’univers », mais l’éclat de son illustre amoureux est insupportable aux yeux d’un simple mortel. Sémélé meurt foudroyée ! Deux volumes de cantates sont parus privilégiant des sujets tirés de l’Ecriture : le premier en 1708 un second en 1711. L’auteur des textes est Antoine Houdar de la Motte. Ce sont les premières cantates sacrées composées en France. Elles jouissent rapidement d’une grande vogue. Les critiques de l’époque sont très élogieuses et, en effet, ces cantates reflètent la science, mais aussi l’expressivité de la musique d’Elisabeth Jacquet de la Guerre. La compositrice fait paraître un troisième recueil en 1715 racontant l’histoire de célèbres héros de la mythologie comme Ulysse ou Sémélé. Les symphonies, dont l’effectif est laissé libre au choix des interprètes, permettent l’alliance, comme c’était l’usage, des vents et des cordes et de les instrumenter en fonction des affects des airs. Ce programme fait honneur aussi à la musique instrumentale de cette compositrice. Elisabeth Jacquet de la Guerre, claveciniste de grand talent et musicienne virtuose, accorde naturellement une grande importance à l’écriture instrumentale en composant deux recueils de pièces pour clavecin (1687 et 1707), des sonates pour violon et clavecin (1707) et des sonates en trio (1695). Les sonates en trio publiées à la fin du 17ème siècle révèlent l’originalité du style musical d’Elisabeth Jacquet de la Guerre. Son écriture repose sur un subtil mélange entre une influence italienne manifeste, rappelant le style instrumental de la canzon sur le plan formel et la ligne mélodique ornée à la manière française. La 4ème sonate en trio est mise en regard avec la deuxième suite de danses parue en 1707 composée dans un style français. Cette très belle suite pouvant se jouer seulement au clavecin ou avec un instrument de dessus comme le violon accompagnée par la basse continue a été instrumentée par nos soins associant ainsi les sonorités des bois (flûtes ou hautbois) avec le violon. Elisabeth Jacquet de la Guerre a le sens du théâtre et elle montre pour ces femmes, devenues des héroïnes, un attachement particulier. Subtile, expressive, contrastée, la musique de ces cantates est touchante et parfois bouleversante car elle nous fait partager les états d’âme de ces deux figures au destin hors du commun avec beaucoup de force dramatique. Héloïse Gaillard

Ensemble Amarillis

Fondé par Héloïse Gaillard, flûtiste et hautboïste de renommée internationale, qui en assure la direction artistique depuis 1994, Amarillis est un ensemble musical fédérant des artistes d’exception, de générations différentes, autour d’un projet artistique ambitieux et unique où se tisse un dialogue entre les artistes sans chef d’orchestre.
Son effectif varié évolue d’une formation de 2 à 4 solistes jusqu’à un orchestre en formation de chambre. Reconnu depuis sa création comme une référence dans l’interprétation des musiques des 17ème et 18 ème siècles, il réunit dans un même esprit de musique de chambre quelques-uns des meilleurs chanteurs actuels (Patricia Petibon, Stéphanie d’Oustrac, Mathias Vidal, Maïlys de Villoutreys…) et des musiciens solistes. L’ensemble propose une diversité de programmes se déclinant sous la forme de récitals vocaux, de formations spécifiquement instrumentales ou de projets mis en scène croisés avec d’autres sensibilités artistiques.
Lauréat de trois premiers prix internationaux et distingué par les Révélations classiques de l’Adami, l’Ensemble se produit dans les lieux les plus prestigieux en France et à l’étranger.
L’Ensemble a reçu les plus vifs éloges de la presse nationale et internationale pour les 20 disques de sa discographie.
Passionné par la pédagogie, l’Ensemble est régulièrement invité et associé à des lieux de diffusion pour faire un travail de transmission, touchant une grande diversité de publics.
L’Ensemble participe régulièrement à des émissions de France Musique et Radio classique. La BBC, la RAI, Mezzo, France Télévisions et Arte ont également enregistré plusieurs de ses concerts.

Amarillis est conventionné par l’État – Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays de la Loire, par la Région des Pays de la Loire, par le département du Maine et Loire et la ville d’Angers. Il est membre de la Fédération des Ensembles Vocaux et Instrumentaux Spécialisés et de PROFEDIM.